Après l’article : Makoto Azuma expose (Des bonsaï morts) en Belgique ,il me semblait utile de faire plus ample connaissance avec ce jeune artiste hors norme.
J’ai parfaitement entendu les cris de douleurs des bonsaïkas qui parcourent ce blog, en découvrant effarés, les œuvres de Makoto Azuma.
Certains ont crié au scandale, d’autres ont crié à l’imposture, au crime et à la bêtise. On cri surtout son incompréhension sans reconnaitre spontanément la grandeur et le génie artistique.
Azuma nous explique sa démarche : « Les fleurs et les arbres ne sont pas immortels, alors il faut donner quelque chose qui reste dans le cœur des gens, le souvenir de la surprise vécue. Je cherche à planter un arbre dans le cœur de chaque être humain… ».
Makoto Azuma est né au Japon en 1976, c’est en cherchant à devenir musicien qu’il, est devenu fleuriste. Un petit boulot commencé il y a dix ans est devenu aujourd’hui sa raison d’exister.
Artiste ? Designer ? Azuma est tout cela pour nous, mais quand on lui demande de se définir, il répond : fleuriste.
Dans sa boutique, on vient d’abord en consultation, pour qu’on lise dans le secret de nos rêves, afin de repartir avec un bouquet unique au monde et dont le souvenir viendra contredire le caractère éphémère de son contenu.
Des fleurs communes ou rares, des formes inédites, un nid d’abeilles qu’on y incorpore…
De la botanique sur-mesure, de la haute couture florale.
« Je suis une personne qui s’occupe des fleurs » répète-il.
A 34 ans, le « fleuriste » en question a déjà exposé ses œuvres dans les galeries et les musées, a récemment conçu un nouveau logo pour Adidas, conçoit depuis plusieurs années de surprenants arbres de Noël pour de grandes maisons comme Hermès, Audi, il a décoré la vitrine de Colette à Paris, le flagship d’Issey Miyake à NYC.
Coqueluche des jeunes créatifs japonais, modèle de réussite, notre fleuriste amoureux de ses fleurs garde les pieds sur terre, et se ressource quotidiennement auprès d’elles.
Dans sa galerie, Azuma s’amuse, expérimente des sculptures botaniques, détourne notre regard routinier porté sur la nature. On suit l’épanouissement d’une amaryllis qu’il a plantée dans du béton, on suit les épisodes de Shiki 1, Shiki 2, Shiki 3, une déclinaison autour d’un pin bonsaï, qu’il enferme par exemple dans un bloc de glace maintenu à température pour éviter le givre, lui-même à l’intérieur d’un congélateur spécialement conçu pour l’expérience.
Les plantes comme médias.
Il confronte de la viande en décomposition avec une fleur qui finira par faner. Une « pensée » ! Car sans le savoir les pratiques d’Azuma Makoto poétisent avec la langue française !
A l’heure de la réduction de gaz dans l’atmosphère, du design vert, des éco bags et de la récup, notre artiste du XXIème siècle ne s’inscrit pas dans le message écologique à la mode.
Ses installations à partir d’échantillons de nature, ses bouquets ne sont ni « citoyens » ni politiques.
Azuma fait cœur avec les plantes, trompe les apparences, modifie notre vision. Il fait entrer la nature dans la maison, sur une paire de tennis, sur des flacons de parfum du projet très trendy Six scents ou sur une scène de rock comme à l’espace Eye of Gyre, une galerie d’Omote Sando où il a un jour improvisé à la guitare électrique au milieu des fleurs et des pédales d’effets.
La fleur, la plante deviennent ici media de la nature toute entière. Surprenant pour les Occidentaux, peut-être moins pour les Japonais pour qui la nature fait partie intégrante de l’existence.
Azuma crée de la durée avec de l’éphémère.
Celui qui reçoit termine l’œuvre. Sa créativité donne la vie éternelle aux plantes.
Et quelle créativité !
Images issus de Son site : http://www.azumamakoto.com/
Info recueillis sur : http://www.admirabledesign.com/Makoto-Azuma-le-designer-fleuriste
2 commentaires:
Très intéressant!
Plus je relis le texte de Marie-Agnes Boquien-Fresneau, moins je la rejoins.
Je reçois le travail d'Azuma très différemment: pour moi, bien au contraire de "faire entrer la nature dans la maison", l'artiste extrait la plante de son contexte naturel. Il l'isole dans un environnement étranger; il place la nature "in vitro".
Cette démarche dramatise la plante qui devient un arte fact. Ainsi, le végétal dégage une beauté surprenante; ces formes et couleurs sont mises en valeur, car livrées à elle-même, fragiles, suspendues à un éphémère qui focalisent notre attention et notre émotion.
Azuma nous livre avec une violente poésie la beauté mortelle de nos vies: c'est en cela - pour moi - que "la fleur, la plante deviennent ici médias de la nature tout entière", pour reprendre les propos - qu'alors je rejoins - de Marie-Agnes Boquien-Fresneau.
Merci pour ce commentaire plutôt bien goupillé.
On peu ouvrir un débat d’idée. Bien que ce blog ne soit pas un forum, ton message peut inciter la prise d’opinons, ce que j’encourage.
Que nous soyons, pour ou contre, le travail d’Azuma, personne ne reste "de glace" face à ses œuvres.
Comme il l’a dit : « …il faut donner quelque chose qui reste dans le cœur des gens, le souvenir de la surprise vécue… »
La surprise, ce souvenir, ne sont pas prêts de fondre dans nos esprits.
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